Giuseppe Manfridi est l’un des plus grands dramaturges contemporains italiens, mais également un romancier reconnu. En Italie, il a publié chez Gremese les romans Cronache dal paesaggio et La Cuspide di ghiaccio – tous deux sélectionnés parmi les douze finalistes du prestigieux Prix Strega – ainsi que Il profeta e la diva et Anja, la segretaria di Dostoïevski, véritable succès public et critique. Il est également l’auteur du recueil théâtral Teatro dell’eccesso, de l’essai Quadernetto sulla gaffe, et a dirigé deux anthologies de monologues – l’une au féminin, l’autre au masculin – tout en traduisant cinq pièces de Steven Berkoff publiées en deux volumes. Le Prophète et la Diva marque sa première publication en France aux Éditions de Grenelle, et révèle au lectorat francophone une écriture d’une rare intensité, aussi lyrique que sensuelle.
Les Éditions de Grenelle annoncent la parution en librairie en mai 2025 du roman Le Prophète et la Diva de Giuseppe Manfridi, une œuvre littéraire puissante et singulière consacrée à deux icônes du XXe siècle : Pier Paolo Pasolini et Maria Callas. L’auteur y imagine une nuit hors du temps, dans un hôtel d’Alep en 1969, à la fin du tournage du film Médée. Une nuit de confidences, de tensions souterraines, d’échos amoureux et de blessures muettes, durant laquelle Maria Callas et l’athlète Giuseppe Gentile – interprète de Jason à l’écran – conversent jusqu’à l’aube, liés par l’ombre ardente de Pasolini.
Ce huis clos à la fois pudique et chargé de désir, se déploie dans une langue somptueuse, où chaque mot vibre de ce qui n’a pas pu être dit. À travers les silences de la Diva et les interrogations de l’athlète, se dessine le portrait fragmentaire d’un cinéaste prophétique, insaisissable, dont la présence – bien que toujours hors-champ – structure profondément l’émotion du récit. La Callas, brûlante d’un amour sans réponse, confie à Gentile son intime conviction qu’elle aurait pu conquérir Pasolini, et même porter son enfant. Mais cet amour, aussi bouleversant qu’irréalisable, ne trouvera jamais d’issue.
Dans une écriture élégante et enveloppante, Manfridi mène ses personnages au bord d’eux-mêmes, dans une Cappadoce métaphorique où les paysages lunaires deviennent le miroir des âmes. Rien n’est figé, tout est mutation intérieure, tout est traversée. La parole, ici, devient presque matière, espace de révélation et de vertige. En cela, Le Prophète et la Diva dépasse le simple hommage à deux figures mythiques : c’est un roman sur le pouvoir transformateur d’une rencontre, sur le théâtre invisible de ce qui ne se vit qu’une fois, et ne se dit jamais tout à fait.